do you believe in destiny and fate ?
il est vingt-deux heures passées, pas loin de minuit maintenant, et junghee marche, seul, dans les rues de l'octant. il y avait un moment qu'il n'avait pas mis les pieds dans ce quartier de la ville. il n'avait rien à y faire, et ces derniers temps, il s'est enterré sous le travail. ça l'empêche de penser, et donc d'angoisser pour rien. et s'il ne dort pas beaucoup la nuit, il a moins de temps pour les mauvais rêves, pas vrai ?
mais voilà, il avait beau en prendre soin, du jour au lendemain, sa montre a arrêté de fonctionner. c'est une vielle montre, elle date d'avant le digital. on n'en trouve plus du tout des comme ça, et c'est son grand-père qui lui a offert (il la tenait de son père à lui) pour ses dix ans. il y tient un petit peu, il sait que c'est stupide et qu'un bout de métal ne changera rien à sa vie, mais c'est comme ça. il peut parfois être aussi bêtement sentimental que n'importe qui. alors il s'est mis en tête de trouver quelqu'un qui pourrait la réparer, et c'est ce qu'il a cherché tout l'après-midi aujourd'hui. il aurait sans doute été plus efficace avec de l'aide, mais junghee n'aime pas vraiment dépendre de qui que ce soit. il préfère se débrouiller seul, quand il peut.
il a fini par trouver une fille, dans une petite boutique d'antiquités, qui s'y connaissait un peu. et elle lui a annoncé qu'elle ne pouvait pas réparer sa montre. le mécanisme était trop vieux, trop rouillé. c'était un miracle qu'il ait tenu si longtemps, d'après elle.
résultat des courses, il n'avait toujours pas de montre, et pour ne rien arranger, il avait réussi par je-ne-sais-quel miracle à se faire détrousser. ces dernières années l'avaient ramolli ; il avait oublié à quel point quelques instants d'inattention peuvent coûter cher lorsqu'on se promène dans certaines rues un peu sombres. jurant doucement, il avait fouillé tous les recoins de ses vêtements, mais en vain. son téléphone avait bel et bien disparu. on avait dû lui dérober pendant qu'il regardait ailleurs.
sans téléphone, pas vraiment de moyen d'appeler un taxi comme il l'avait prévu. tant pis. il va devoir marcher. il soupire, agacé par sa propre bêtise, et il enfonce les mains dans les poches de son manteau avant de se mettre à marcher avec la ferme intention d'arrêter la première personne qu'il croisera pour lui demander s'il peut utiliser son téléphone.