musique ☽ comme tes professeurs te l’ont fait remarquer à de nombreuses reprises, tu as vraiment besoin de t’améliorer dans certains domaines. autrement, tu risques d’avoir des difficultés sérieuses l’année prochaine, parce que clairement, tu n’as pas le niveau ; pas partout, en tout cas. alors au lieu de passer tes vacances dans ton lit à glander, tu t’es résolu à rassembler toute la motivation et d’énergie dont tu disposes (c’est à dire pas beaucoup) et travailler un peu tous les jours, au moins une ou deux heures. il n’est pas dit que tu tiennes tout l’été, mais pour l’instant, tu n’as pas encore lâché l’affaire, ce dont tu es un peu fier.
aujourd’hui, tu es supposé t’entraîner à dessiner des animaux, et plutôt que de chercher des photos sur internet comme d’habitude, tu as décidé dans un éclair de génie d’aller en voir pour de vrai, au parc. tu n’aimes pas beaucoup sortir en ville, il faut le reconnaître, parce que qui dit dehors dit foules d’inconnus, bruits partout, et donc, inévitablement, angoisse. mais tu n’aimes pas non plus passer toutes tes journées enfermé dans l’appartement immense et vide, seul, sans autre contact social que des interactions limitées sur kiwili ou d’autres réseaux. et lorsque tu seras tranquillement installé au parc, à l’ombre, ce sera agréable. en tout cas, c’est ce que tu t’es dit en partant, ton sac à dos sur l’épaule, ta pochette à dessins sous le bras et ton casque sur les oreilles. oui, à ce moment-là, ça semblait un bon plan.
mais une fois sur place, tu réalises quelques petits détails. d’abord, le ciel est en train de se couvrir petit à petit et si ça ne signifie pas qu’il va pleuvoir dans l’après-midi, tu ne t’appelles plus ash. ensuite et surtout, les animaux, et notamment les jolis oiseaux de la volière, ne sont pas les modèles les plus accommodants puisqu’ils passent leur temps à bouger. au bout d’une demie-heure d’efforts désespérés, tu es au bord de la crise de nerfs, et tu décides de faire une petite pause. tu ranges tes affaires et tu commences à marcher dans le parc, à la recherche d’un coin plus calme où personne ne te dérangera le temps que tu te détendes un peu. tu finis par te poser contre un arbre un peu éloigné du chemin. tu soupires et augmente un peu le son de ta musique. c’est hala hala (une de tes chansons préférées du moment), et cela explique peut-être pourquoi tu ne te poses pas de question, au début, quand tu l’aperçois. tu te dis juste oh, tiens, sani des subspace. je me demande ce qu’il fait là.
et puis tu as le déclic, et là c’est plutôt oh merde, c'est sani. sani duan. pour de vrai, à quelques mètres de toi. tu te redresses brusquement, trébuchant un peu sur une racine de ce foutu arbre dont tu ne connais même pas le nom, et tu le fixes, les yeux ronds, sans rien dire. tu rêves, non ? non, t’en as pas l’impression. à force de l’observer, tu finis par croiser son regard l’espace d’une seconde fatale pendant laquelle tu cesses tout simplement de respirer. et tu restes planté là, ton téléphone dans une main et ton sac dans l’autre, incapable de réagir.