Les bras en croix, les jambes collées l'une à l'autre, ses cheveux formant une divine couronne autour de son visage aux formes simplistes, presque caricaturales : ainsi gisait Cosmo au beau milieu de son salon, les yeux clos, la bouche entrouverte, en train de compter ses respirations et d'attendre le moment où elles s'arrêteraient, où respirer ne serait plus un réflexe, où il devrait fournir un effort de réflexion pour s'oxygéner, et où il devrait choisir ou non de fournir cet effort.
Cosmo jouait au mort. C'était un jeu assez simple, qu'il pratiquait depuis l'enfance, depuis qu'il avait compris qu'il n'était pas immortel, et sa maman non plus. Dès qu'il s'ennuyait, et qu'aucune distraction ne se proposait instantanément à lui, il jouait au mort, jusqu'à s'ennuyer « mortellement » et que la distraction vienne à lui comme elle lui était due, comme tout lui était dû, ou bien que la mort vienne le cueillir, lui, simple tournesol dont la seule caractéristique était de se comparer vaniteusement au soleil. Cela dit, la mort ne l'avait jamais jugé digne de son attention, en tout cas jusqu'ici.
Nous y étions. Il ne respirait plus. Son rythme cardiaque accéléra, tandis qu'il restait de marbre, visage calme figé dans une éternelle adolescence ; mourir, oui, mais mourir beau. Seules ses pensées suivirent la nouvelle cadence imposée par son cœur en panique. Appeler quelqu'un au pif et lui faire croire qu'il a gagné dix millions. Manger ce qu'il y a au frigo, il reste du rôti avec de la sauce. Respirer. Brûler les fleurs de maman. Hm. La dernière fois, elle n'a pas aimé du tout du tout. Alors qu'elles sont vachement moches. Boire du coca, respirer. Jouer à la console, non, j'ai cassé la manette, respirer, jouer aux échecs ah non on peut pas jouer seul manger respirer respirer poster sur kiwili respirer écouter de la musique, quelle musique, respirer, je dois respirer respirer respirer.
Ses yeux s'ouvrirent subitement, et, semblable à un homme en panique surnageant dans une mer agitée, il prit une immense inspiration ; il respira goulûment l'air climatisé de la pièce, les yeux écarquillés, comme s'il était surpris d'être encore en vie.
Mais ça n'était pas le cas.
Il était simplement étonné que le remède au poison qu'était son ennui lui soit apparu si tardivement.
Les yeux emplis d'étoiles noires, les jambes chancelantes et le cœur battant la chamade, il se releva subitement, et saisit malhabilement son téléphone. Il fit défiler ses conversations : deux heures, un jour, dix jours, un mois, trois mois… Trois mois, déjà ?
Comme à son habitude, il se contenta d'envoyer un emoji immeuble suivi d'un point d'interrogation, signé d'un smiley à lunettes de soleil. Ça faisait déjà bien longtemps que Cosmo avait renoncé à écrire ses sms, préférant l'instantanéité et la simplicité des émoticônes. Même son correcteur orthographique avait lâché l'affaire, et ne lui proposait désormais que ses emojis favoris : lunettes de soleil, yeux en coeurs, sourire en coin. Un résumé si court et si parfait de sa vie insignifiante.
Il s'affala dans le canapé, attendant la vibration du téléphone qui lui annoncerait que ce soir, pendant quelques heures, il aurait un ami. Enfin, un ami payé pour l'être. Mais ça ne devait pas changer grand-chose, si ?
Il resta ainsi inanimé, poupée de chiffon sans personne pour jouer avec, jusqu'à ce que son téléphone vibre. Alors, comme un jouet remonté par un clé à molette, il s'activa : d'un pas léger, dansant même, Cosmo alla jusqu'au frigo : il en sortit deux pizzas surgelées, les posa sur le micro-onde ; il tapota et repositionna les coussins du canapé, des fauteuils, alluma quelques lampes, en éteignit d'autres, jusqu'à ce que son salon ressemble à une de ces pubs pour AirBnB. Basiquement, sa vie ressemblait à une publicité.
Enfin, après un moment qui aurait pu être des heures comme des minutes, la sonnette retentit : il se pressa jusqu'à la porte, courut presque ; mais il attendit tout de même quelques secondes avant d'ouvrir. Cosmo était cool, Cosmo n'avait hâte de rien car tout arrivait à point pour lui, Cosmo ne s'ennuyait jamais, c'était les autres qui se languissaient de lui. Ou du moins, c'était ce qu'il voulait croire et faire croire.
« Salut. »
Un silence.
« J'ai envie de regarder un film. »
Cosmo jouait au mort. C'était un jeu assez simple, qu'il pratiquait depuis l'enfance, depuis qu'il avait compris qu'il n'était pas immortel, et sa maman non plus. Dès qu'il s'ennuyait, et qu'aucune distraction ne se proposait instantanément à lui, il jouait au mort, jusqu'à s'ennuyer « mortellement » et que la distraction vienne à lui comme elle lui était due, comme tout lui était dû, ou bien que la mort vienne le cueillir, lui, simple tournesol dont la seule caractéristique était de se comparer vaniteusement au soleil. Cela dit, la mort ne l'avait jamais jugé digne de son attention, en tout cas jusqu'ici.
Nous y étions. Il ne respirait plus. Son rythme cardiaque accéléra, tandis qu'il restait de marbre, visage calme figé dans une éternelle adolescence ; mourir, oui, mais mourir beau. Seules ses pensées suivirent la nouvelle cadence imposée par son cœur en panique. Appeler quelqu'un au pif et lui faire croire qu'il a gagné dix millions. Manger ce qu'il y a au frigo, il reste du rôti avec de la sauce. Respirer. Brûler les fleurs de maman. Hm. La dernière fois, elle n'a pas aimé du tout du tout. Alors qu'elles sont vachement moches. Boire du coca, respirer. Jouer à la console, non, j'ai cassé la manette, respirer, jouer aux échecs ah non on peut pas jouer seul manger respirer respirer poster sur kiwili respirer écouter de la musique, quelle musique, respirer, je dois respirer respirer respirer.
Ses yeux s'ouvrirent subitement, et, semblable à un homme en panique surnageant dans une mer agitée, il prit une immense inspiration ; il respira goulûment l'air climatisé de la pièce, les yeux écarquillés, comme s'il était surpris d'être encore en vie.
Mais ça n'était pas le cas.
Il était simplement étonné que le remède au poison qu'était son ennui lui soit apparu si tardivement.
Les yeux emplis d'étoiles noires, les jambes chancelantes et le cœur battant la chamade, il se releva subitement, et saisit malhabilement son téléphone. Il fit défiler ses conversations : deux heures, un jour, dix jours, un mois, trois mois… Trois mois, déjà ?
Comme à son habitude, il se contenta d'envoyer un emoji immeuble suivi d'un point d'interrogation, signé d'un smiley à lunettes de soleil. Ça faisait déjà bien longtemps que Cosmo avait renoncé à écrire ses sms, préférant l'instantanéité et la simplicité des émoticônes. Même son correcteur orthographique avait lâché l'affaire, et ne lui proposait désormais que ses emojis favoris : lunettes de soleil, yeux en coeurs, sourire en coin. Un résumé si court et si parfait de sa vie insignifiante.
Il s'affala dans le canapé, attendant la vibration du téléphone qui lui annoncerait que ce soir, pendant quelques heures, il aurait un ami. Enfin, un ami payé pour l'être. Mais ça ne devait pas changer grand-chose, si ?
Il resta ainsi inanimé, poupée de chiffon sans personne pour jouer avec, jusqu'à ce que son téléphone vibre. Alors, comme un jouet remonté par un clé à molette, il s'activa : d'un pas léger, dansant même, Cosmo alla jusqu'au frigo : il en sortit deux pizzas surgelées, les posa sur le micro-onde ; il tapota et repositionna les coussins du canapé, des fauteuils, alluma quelques lampes, en éteignit d'autres, jusqu'à ce que son salon ressemble à une de ces pubs pour AirBnB. Basiquement, sa vie ressemblait à une publicité.
Enfin, après un moment qui aurait pu être des heures comme des minutes, la sonnette retentit : il se pressa jusqu'à la porte, courut presque ; mais il attendit tout de même quelques secondes avant d'ouvrir. Cosmo était cool, Cosmo n'avait hâte de rien car tout arrivait à point pour lui, Cosmo ne s'ennuyait jamais, c'était les autres qui se languissaient de lui. Ou du moins, c'était ce qu'il voulait croire et faire croire.
« Salut. »
Un silence.
« J'ai envie de regarder un film. »
HRP :
coucou !! désolée pour le retard vraiment, j'ai pas eu deux minutes avec ma famille snif. je mettrai un code quand j'en aurais trouvé un. et j'espère que ça te convient !! sinon, n'hésite pas à venir me voir pour que je corrige, ça fait quelques mois que j'ai pas rp du coup je suis un peu rouillée eurk