well,,, fuck (pnj)

des regrets, t'en avais des montagnes. des montagnes de trucs à dire, de choses en tout genre qui occupaient ton esprit et qui t'empêchaient de penser en paix, d'être tranquille avec toi même. alors t'avais décidé ... d'écrire ? durant tout le temps du survival on t'avait expliqué que, non, écrire à ses parents ce n'était vraiment pas le moment et que si tu avais envie de voir ta famille tu pouvais encore rentrer chez toi et pas revenir. c'est certain que c'était probablement les mots parfait à dire à nuni lorsqu'il demandait sa mère, encore et encore, pas vrai ? jusqu'ici, tu étais resté calme, pendant plus d'un an - bien plus, en vérité - tu avais été le docile petit chien que space attendait de toi. mais maintenant, maintenant qu'on te connait, maintenant qu'il était difficile de te jeter en pâture à la rue, tu ne comptais plus rester sage. pour l'instant tu écrivais, parce qu'il fallait prévenir maman que tout allait bien, il fallait mentir, et lui dire que vous alliez tous bien. ce n'était pas comme si elle n'avait probablement pas reconnu sikin dans la vidéo d'hala hala et que toi tu songeais à te jeter par les fenêtres de space dès que quelqu'un avait le malheur d'en ouvrir une. dans la salle principale, tu avais la chance d'être seul, pour le moment, mais nul doute que quelqu'un finirait par te rejoindre. t'espérais bien sûr qu'il s'agisse de nuni, jewel ou sikin, comme à ton habitude. malheureusement tu étais souvent déçu.

j'ai encore dû faire plein de fautes...

oui, voilà, c'est le mot : tu ne t'attendais à rien, n'espérais rien, mais es quand même déçu. si on peut dire. tu as l'habitude de croiser chelsea, toujours aux pires moments, toujours quand tu n'as pas envie de le voir, mais cette fois ça va. cette fois tu es de bonne humeur. cette fois ... tu es presque content de voir chelsea aujourd'hui, sûrement parce que tu ne l'as pas encore trop vu aujourd'hui. seulement voilà, l'idée de t'entendre dire que faire une lettre c'est gentil, mais qu'il est hors de question qu'elle arrive jusqu'à ta mère, ça te fout un peu la rage. alors qu'il n'a encore rien dit, le pauvre chelsea.

j'écris à ma mère, pour lui donner des nouvelles de nuni.

peut-être que ça passera, dit comme ça. de toutes façons ta lettre ne trahi rien, si ce n'est des mensonges et encore des mensonges. des tout va bien ! sikin a recommencé a bien mangé, jewe peut danser, et nuni a eut plein de drones ! oh oui c'est vrai, mais sérieusement, ta mère comprendra bien que c'est un appel à l'aide, pas vrai ? sans doute. t'en sais rien, au fond. maman a juste envie de vous voir heureux, de vous voir en sécurité. malgré le rythme terrible et les injustices, c'est toujours mieux que dehors, pas vrai ?

je pourrais l'envoyer, pas vrai ?

pas vrai chel ?, pas vrai qu'il pourra le faire, s'il te fait des petits yeux et qu'il te laisse tout corriger.

il vient d'accepter ? sani il vient d'accepter. tu ne sais pas trop quoi dire, parce que tu ne t'attends pas à un oui, tu ne t'attends ni à ce rire, ni à ce regard. forcé de constater que ton opinion de chelsea est probablement fausse, tu préfères détourner les yeux sur la lettre avant de sourire. il veut la lire, pas de surprise de ce côté, c'est juste un moyen pour rassurer ta mère, pour lui éviter de faire quelque chose de stupide.

je comprends.

silence, tu marques une pause, semble réfléchir quelques instants, avant de relever les yeux vers lui pour lui sourire et tirer la chaise pour qu'il s’assoit. tu ne peux jamais t'empêcher de penser qu'il doit avoir mal. tu ne sais pas pourquoi, chelsea n'en laisse rien paraître, mais c'est probablement un instinct. tu le suivais de près durant sa courte - mais intense - carrière, puisque tu étais trainee à cette époque, et tu avais été de ceux qui étaient restés sans voix face au changement. tu n'étais pas dupe, et il était évident pour toi que chelsea n'avait pas eu son mot à dire dans le changement.

elle est safe. ma lettre. j'ai juste dis que tout allait bien. mais tu peux lire. tu peux aussi corriger mes fautes si ça te fait plaisir.

silence. tu souris doucement, un sourire pensif, un sourire ailleurs.

ça fera probablement plaisir à ma mère de savoir que je m'améliore en orthographe.

chelsea ne te laisse pas indifférent, dans sa façon d'être. oh, ce serait sans doute encore plus flagrant si tu l'avais connu, à l'époque où vous étiez enfants, mais ce n'était pas le cas. pour toi chelsea était un mec qui venait de rien, et qui avait tout gagné à la force de sa volonté, de son travail, de son acharnement, et ça forçait le respect. bien sûr, tu avais conscience que toutes ces belles paroles sur le travail et l'obstination cachaient d'autres choses. mais ce n'était pas ta vie, alors ça ne te regardait pas. surtout que ça t'arrangeait bien de ne pas t'en mêler, il faut bien l'avouer. oh, t'aurais peut-être pu être un héros, mais c'était fatiguant, et il te tapait trop sur le système.

ça m'est égal. je veux juste qu'elle lui arrive.

après tout, t'aurais peut-être dû demander à nuni de demander au manager. ils avaient tout intérêt à vous laisser l'envoyer, cette lettre. mais tu ne voulais pas que nuni sache. parce qu'il aurait voulu voir sa mère, et ce n'était pas possible : tu en avais bien conscience. parfois, lorsque vous étiez tous les deux, qu'il somnolait pendant que tu caressais ses cheveux, il demandait timidement sanini, quand est-ce qu'on revoit maman ?, ou pire quand il demandait sanini, océan il te manque ?, et ton coeur se brisait un peu. tu n'avais vraiment pas le loisir d'y penser, et pourtant ; tu ne pouvais pas t'en empêcher.

je sais. je ne te dois rien.

non, t'étais arrivé là par acharnement. comme lui, finalement ? peut-être un peu. t'avais juste pas idée des sacrifices. toi, c'était l'inverse : t'étais le sacrifice. t'étais le prix à payer si les autres devaient réussir, sans toi. ça te dérangeait pas. tu l'avais décidé, ce serait pas une surprise. tu relève les yeux pour le détailler, le dévisager même, tu veux bien lui faire comprendre que jamais tu t'écraseras devant lui.

merci.

tu poses tes yeux sur la main de chelsea, et l'enveloppe. il y a écrit une adresse, une adresse différente de celle de l'agence, probablement le lieu où il vit. quelque part à l'octant, tu supposes, ce serait logique. il a quitté la chambre de jeremiah depuis déjà des mois, alors... parfois tu l'envie, tu te dis qu'il a tellement de chance d'avoir son propre endroit, et quand tu vois comment ça l'éloigne des autres, tu te dis que ça doit être difficile, pour lui, de rentrer et d'être seul.

ça ira, ma mère transmettra le mot aux autres, je pense.

tu détournes les yeux, tu ne veux pas trop lui en demander, tu ne veux pas qu'il ait à courir de risque, à cause de toi, à cause de vous. chelsea a déjà beaucoup à gérer, tu sais bien que sa place de leader, c'est autant une bénédiction qu'une malédiction, et pour rien au monde tu la voudrais, contrairement à ce que dit sikinti, quand il casse du sel dans le dos de votre leader.

merci encore. t'étais pas obligé de faire ça, ça compte pour moi. et ça comptera aussi pour les autres.

tu sais pas encore trop si t'en parleras à sikin, mais tu le feras auprès de jewel et nuni, et ça comptera, pour eux. t'as pas envie que ton meilleur ami te dise que chelsea te retourne le cerveau et que tu te laisses trop facilement avoir, et il en est capable. mais tu sais qui tu es, sani, et tu sais ce que tu penses de chelsea.