Selene n’est pas quelqu’un de foncièrement violent. Elle n’aime pas spécialement faire du mal aux autres. A vrai dire, elle est même plutôt empathique quant à la douleur des autres. Si la vie avait épargné Selene, elle aurait vécu sainement, loin du danger, sans doute heureuse. Elle n’aurait jamais entendu parler de résistance. Elle n’aurait même jamais compris l’intérêt de résister.
Mais la vie n’a pas épargné Selene. Alors, elle a décidé d’arrêter de subir. Bien sûr, parfois, souvent même, des remords lui viennent, elle se sent coupable, elle se trouve monstrueuse. Mais elle sait que c’est nécessaire.
« Si pour sauver mille âmes, il faut salir la mienne, alors je le ferai. »
Selene est une belle femme. Mais jusqu’ici, cela ne lui a valu que des ennuis supplémentaires.
Selene est passionnée des plantes, ces choses si rares en villes, qu’elle aime à faire pousser dans sa chambre et à grapiller dans les terrains vagues.
Selene possède la douceur mélancolique de ceux qui ont souffert en silence. Mais elle n’est pas triste. Ce serait inutile.
S’il vous plait, faites-la sourire.
2058 Cofonde le groupe Poison avec Lyam Vesper. Devient par conséquent un membre important de l’organisation. Assiste Lyam dans ses expériences, mais s’occupe plutôt d’imaginer certains mélanges, de prendre des notes, de trouver des plantes et de faire des propositions : elle est pour le moment incapable d’assister à l’agonie d’une personne, encore plus si c’est de sa faute. Selene, paradoxalement, ne supporte pas l’idée de faire du mal.
10 juillet 2058 L'agence dream factory subit un attentat chimique qui tue les plus vieux des trainees. le produit en question était fait de sorte que le simple fait de le respirer provoque des convulsions puis, s'il n'y a pas de traitements dans les dix minutes qui suivent, la mort.
Et puis, ça me permet d’être aux côtés de l’unique personne qui se soucie de moi…
Il y a bien Lyam, peut-être, mais Lyam ne compte pas, puisqu’il en fait partie.
Selene a grandi dans un environnement malsain, subissant un père violent et évoluant dans des rues dangereuses. Elle a appris à souffrir en silence, à éviter les coups, à courir vite et sauter haut. Et, plus tard, à frapper fort.
A ses 8 ans, pour la première fois, Selene travaille. Pour son père. Elle doit courir dans tout le quartier, prendre des colis, les amener à d’autres personnes, ou bien à son père, elle doit passer des messages, elle doit trouver des objets dans les hangars désaffectés, elle doit voler à ce groupe d’hommes ces petits sachets plastiques. Heureusement, elle ne s’est jamais fait prendre. Car là où vit Selene, même une petite fille peut être tuée si elle est prise sur le fait. Le temps n’est pas à la pitié. Il est à la survie.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Selene a toujours été couverte d’hématomes. Son visage est toujours resté intact, surtout depuis sa puberté, quand son géniteur a remarqué qu’elle devenait jolie, et que ça pouvait servir après tout.
Le père de Selene était alcoolique. Il a failli la tuer plusieurs fois. Un jour, elle s’est enfuie, mais mourant de faim, elle est revenue. Elle n’a plus jamais tenté de partir.
Les clients de Mr Blue n’étaient pas censés voir sa fille. Elle devait rester en haut dans sa chambre, invisible, quand ils venaient à la maison pour faire affaire.
Un jour, cependant, elle est descendue, parce qu’il manquait une partie de la commande et qu’elle venait la compléter. Le client n’était pas comme d’habitude. Il était jeune. Il n’avait pas l’air méchant. Elle l’a croisé du regard, puis est vite remontée, troublée.
Une correction et quelques jours plus tard, son père est mort.
Lyam Vesper était entré dans sa maison, puis dans sa vie.