ｔｏｒｎ ＆ ｔｉｒｅｄ (ft. rouge)

lightning avait cruellement besoin de voir du monde. de respirer. il étouffait à la space ent. il étouffait entre quatre murs brûlants où tout le monde passait son temps à se disputer. il avait besoin de respirer, et comme toujours, ses pas le guidaient naturellement jusqu'au mermaid hotel. il avait beau savoir que ce n'était pas bien, que ça ne rimait à rien, il s'y rendait toujours, toujours avec la même idée en tête : déballer son sac. et ça n'arriverait pas, parce que ça n'arrivait jamais. il ne se voilait pas la face, mais bon.

à peine entré, on lui dit d'attendre, quelques minutes. il n'obéit pas et se rend à l'ascenseur dont il a un pass, puis se rend machinalement dans la chambre où, il le sait, il retrouvera son amant. c'est toujours comme ça. d'habitude il a plus de patience et attend qu'on lui donne le feu vert pour monter aux étages, mais pas cette fois. cette fois il est trop blasé. peut-être qu'il le payera, il n'en sait rien, toujours est-il qu'une fois à l'étage, près de la porte, il capte sans mal qu'il n'a pas besoin de sortir son pass. non. la porte est entrouverte et vu les cris qui s'en échappent, ce n'est probablement pas une situation de danger.


rouge ?

hé bien. visiblement ce n'est toujours pas aujourd'hui qu'il lui dira. peut-être qu'il tombe juste mal.

c'est facile, pour rouge. c'est facile de chasser d'un mouvement de main, d'abandonner. il l'admire, beaucoup. sans quoi il ne reviendrait pas sans cesse. parfois il se dit qu'il faudrait arrêter, qu'il est temps de couper les ponts, d'arrêter de se faire du mal sans arrêt. rouge lui fait du mal, sûrement autant qu'il lui fait du bien, qu'il lui fait tout oublier. mais ce soir, c'est différent, c'est spécial. ce soir il ne sait pas ce qu'il fait ici, il ne sait pas pourquoi il a mit les pieds ici.


je ne sais pas.

il lâche, sur le pas de la porte, appuyé contre le cadre. il ne bredouille pas, n'hésite pas. sa voix est claire et sûre. il regarde droit dans sa direction. c'est ce qu'on lui a apprit à faire. ne jamais hésiter, toujours être sûr de ce qu'il fait. à quel prix, au final ?


j'avais envie de te voir.

un regard à droite, un regard à gauche dans la chambre, il checke, toujours, par habitude. un amant peut en cacher un autre, il n'a pas envie d'être celui de trop. il est sûrement celui de trop, finalement, qu'est-ce qui le différencie des autres, avec rouge ? il n'a rien de lui, ni son aura, ni son charisme. il n'est qu'un petit bout de pas grand chose, un morceau de pas assez, il a le sentiment de ne rien avoir à lui offrir.


si je tombe mal, dis le. je m'en irais.

rouge lui fait du mal. dans toute sa façon d'être, d'approcher, de sourire, d'exister. il lui fait du mal. il lui fait mal lorsqu'il respire, lorsqu'il parle, lorsqu'il le regarde de cette façon. il fait tomber les barrières de light et le fait se questionner à propos de choses auxquelles il ne veut pas penser. rouge le blesse, il l'entaille.


tu comptais m'appeler, je suppose.

il appuie un peu là où ça fait mal. il est jaloux, c'est maladif. jaloux de savoir rouge avec quelqu'un d'autre, jaloux de le savoir s'offrir, même s'il ne sont rien. rien de plus que deux amants, quand le cœur lui en dit. il le regarde, froidement, comme il regarde les autres, comme il le fait tous les jours, comme s'il ne ressentait rien. parce que c'est facile comme ça, c'est agréable, c'est un terrain connu, de ceux qu'on ne quitte jamais.


ouais.

il se saisit de la cigarette, la porte entre ses lèvres. une bouffée de fumée plus tard, il soupire. il ne sait pas ce qu'il fait là, il n'est pas à l'aise entre les murs du mermaid hotel, il ne s'y sent pas comme chez lui, et rouge n'aide pas. il repose ses yeux sur lui, le détaille, longuement, avant de perdre ses pupilles sombres dans la contemplation de celles du jeune homme en face de lui.


qu'est-ce que tu attends de moi, au juste.

rouge est une torture. chaque mot est une torture, chaque mot est une aiguille de plus enfoncé droit dans son coeur. il ne panique pas, il reste calme, même si à l'intérieur de sa poitrine ça palpite plus fort que ça ne devrait le faire. c'est douloureux, tout ce qu'il fait, tous les mots qu'il prononce, tous ses gestes. lightning le regarde, et il n'y a pas de tendresse dans ses yeux. pourtant, c'est tout ce qu'il a envie de lui donner, vraiment. mais il n'y arrive pas, comme si c'était trop dur de s'ouvrir, trop dur d'avouer ses faiblesses.


ce que j'attend de toi.

il répète, comme pour gagner du temps. mais il a l'air de réfléchir à quelque chose, de réfléchir sérieusement. exit la drague un peu limite et les disquettes déjà toutes recyclées. light a besoin de neuf, light a besoin d'autre chose. il n'hésite pas lorsqu'il approche pour tirer une chaise et se poser dessus, à peu près en face de rouge. c'est un face à face, presque un duel à mort. à voir qui tirera en premier, finalement.


je te veux toi.

il penche la tête sur le côté, le dévisage. pas de sourire, comme d'habitude, light ne sourit pas. elles sont rares ces fois où rouge a réussi à lui arracher des sourires, là, dans le noir, alors qu'il le serrait contre son coeur, essayant de tout mettre de côté, de juste exister à ses côtés.


je veux oublier.

oublier le reste. il veut qu'il ne demeure que rouge, qu'il l'obsède, lui fasse tourner la tête. mais il aimerait lui faire comprendre que ce qu'il attend, ce n'est pas juste du sexe, un petit coup par ci par là, juste pour passer le temps et se détendre. aussi il relève les yeux vers lui.


je veux t'inviter au restaurant.

c'est plutôt inattendu. c'est bien la première fois qu'il lui propose un rendez-vous dans un coin public. même si le rendez vous n'est pas donné, l'idée est là, l'envie aussi. et pour la première fois, il s'autorise à sourire un peu. c'est timide, presque maladroit, surtout lorsqu'on connait lightning, mais il se sent un peu plus léger.

oh, vraiment ?

ce qu'il dit échappe à rouge. c'est une bien belle histoire que voilà. il a l'impression que rouge le décrypte d'un regard, arrive à le mettre à nu, comme ça, d'un simple geste, en un instant. alors il est quand même très sceptique, lightning. mais il est content, à sa façon de faire, rouge a dit oui. il lui fait même comprendre qu'il sera disponible, peu importe quand. il lui enverra l'heure et l'endroit du rendez vous, et viendra le chercher, comme on le fait pour un véritable rendez vous. pour un petit ami. un amoureux. c'est ce qu'il est, finalement, pas vrai ? même s'il essaye de se persuader du contraire, qu'ils essayent de se le dire tout les deux. lightning est désespérément amoureux de rouge et à chaque seconde il se dit que rouge est trop bien pour lui, puis il lui envoie un milliard de signaux de vas-y, j'attends, mais vous comprenez rouge est tellement ... tellement ce qu'il est ? lightning n'imagine pas avoir à faire les premiers pas, pas niveau sentiments. c'est stupide. plus il y réfléchit et plus il se trouve stupide.


j'ai pourtant l'impression que tu me connais par coeur, rouge.

il approche, pose ses mains de par et d'autre du jeune homme. il aime le contact physique, la confrontation, il aime le provoquer, encore et toujours un peu plus. à force de jouer, il finira par se brûler, il en a pleine conscience, mais c'est si grisant. il le détaille, laisse sa main se perdre contre la joue de rouge, quelques instants, avant de détourner les yeux sur ses lèvres. ah, de sa bouche, il pourrait lui faire tant de mal. juste quelques mots, dis comme ça, et ça le briserait. mais light n'a pas peur, non. pas près de rouge, pas vrai ?


j'ai l'impression que tu lis en moi.