( passionnée + vantarde + extravertie + têtue + originale + hypersensible + drôle + menteuse + créative + autodestructrice + débrouillarde + envahissante + audacieuse + impertinente )
cite des comédies musicales, des chansons et des vines on a daily basis
- elle baisse rarement les bras
- comme elle fabrique ses propres vêtements depuis l'âge de 12 ans, elle a de l'expérience dans ce domaine
- elle se débrouille très bien côté social, malgré d'occasionnelles maladresses
- elle a successivement été serveuse et baby-sitter pendant ses études.
- après avoir enchaîné rapidement plusieurs boulots dans la mode qui ne lui convenaient pas du tout, elle s'est retrouvée employée comme assistante à hydra à l'âge de 21 ans.
tu arrives dans la vie de ta mère à l'improviste, comme un cadeau ou une malédiction. elle t'aime à la seconde où elle te prend dans ses bras pour la première fois. mais elle est jeune, inexpérimentée, elle ne sait rien sur les enfants, et elle n'a personne vers qui se tourner quand elle a besoin d'aide. toute sa famille est restée au mexique, à des centaines, des milliers de kilomètres. quant à ton père biologique, ce n'est même pas la peine d'en parler. alors elle suit le seul exemple qu'elle connaît: celui de ses parents. c'était des gens stricts et très croyants. c'est comme cela qu'elle tente de t'élever. mais tu es un enfant difficile, demandant de l'attention en permanence, même lorsque tu dois briser les règles pour l'obtenir. tu la mets en colère – trop souvent. et quand elle perd son sang-froid, elle finit par te blesser. tu ne penses pas qu'il y ait là quoi que ce soit d'étrange ou anormal, jusqu'à ce que tu commences à aller à l'école et que tu sois le seul enfant avec des bleus et des coupures que tu ne t'es pas fait toi-même. alors un jour, tu lui poses la question.
elle te dit que tu es un très mauvais enfant parfois, et qu'elle est obligée de te punir, même si elle t'aime. tu le sais bien. elle te dit que tu ne dois en parler à personne, parce que les gens ne comprendraient pas. ça doit rester votre secret. elle te dit cela, et d'autres choses, et puis elle te serre dans ses bras et elle se met à pleurer. tu n'es pas sûre de comprendre, mais c'est ta maman. elle a toujours raison.
tu es à l'école primaire maintenant, et quand quelqu'un te demande comment ta mère gagne sa vie, tu réponds que c'est une chanteuse célèbre, ou un agent secret, ou la princesse en fuite d'un pays lointain. c'est beaucoup plus cool que la vérité, qu'elle tient deux jobs tout aussi pourris l'un que l'autre, et a quand même du mal à joindre les deux bouts. et ce n'est pas la seule chose à propos de laquelle tu mens. à chaque fois que tu arrives à l'école avec une joue meurtrie ou une coupure un peu profonde sur le front, tu racontes une histoire expliquant comment c'est arrivé. tu es tombée de ton vélo, tu t'es cogné la tête contre une fenêtre… tes amis se moquent de ta maladresse, et tu ris avec eux.
les mensonges prennent de plus en plus de place dans ta vie, et pas seulement aux autres. tu te mens à toi-même aussi. tu t'inventes des histoires, où ta mère n'est pas vraiment ta mère, et tes véritables parents viennent te chercher pour t'emmener vivre avec eux dans un gigantesque palais. ils te laissent porter les vêtements que tu veux, même des robes, et les autres enfants n'éclatent pas de rire quand tu dis que tu aimes autant coiffer des poupées que jouer au foot, parce que dans ces fantaisies, tu es une princesse. personne ne se moque des princesses.
ce n'est pas réel, mais c'est ce qui te permet de continuer à vivre.
tu as quatorze ans lorsque ta mère finit par ouvrir une petite épicerie, la seule du quartier. vous emménagez au-dessus du commerce, dans un tout petit appartement qui est pourtant bien plus confortable que l'ancien. il aura fallu économiser pendant des années pour en arriver là, mais finalement, vous avez réussi. votre vie à toutes les deux devient tout à coup plus facile. ta mère s'énerve moins souvent, et de toute façon, tu es assez grande pour ne plus lui causer autant de difficultés. les marques sur ton corps se font de moins en moins nombreuses, s'estompent, et finalement disparaissent. tu vas bien. tout va bien. alors pourquoi est-ce que tu n'arrives pas à être heureuse ?
au lycée, tu rejoins le club de théâtre. ce n'est pas très différent de ce que tu fais tous les jours ; prétendre être quelqu'un que tu n'es pas. tu es mal dans ta peau, et te glisser pour quelques heures dans celle de personnages fictifs, pour une raison ou une autre, te soulage un peu. tu participes aussi à la fabrication des costumes. c'est la première fois que tu crées des vêtements pour quelqu'un d'autre que toi, et c'est une révélation. tu veux faire ça toute ta vie. au théâtre, tu te fais aussi des amis, de vrais amis. tu sais que tu peux compter sur eux. pourtant, tu n'oses toujours pas te confier. même avec les personnes les plus proches de toi, tu continues de porter un masque, de faire semblant. tu te détestes de leur mentir.
quand tu es seule, parfois, les idées noires prennent le dessus. tu penses à toutes les façons dont tu pourrais mettre fin à tes jours. tu te dis que tu ne manquerais à personne. de toute façon, ils ne connaissent pas la vraie charlie. s'ils savaient qui tu es vraiment, ils te détesteraient tous. tu es mauvaise, tu l'as toujours été. tu ne mérites même pas de mourir maintenant. tu n'as pas encore assez souffert. certains jours, c'est cette pensée qui te garde en vie, plus que tout le reste. d'autres jours, c'est simplement le manque de courage. tu survis. et quand tu finis par atteindre un point où tu ne peux plus supporter de te regarder dans le miroir, tu craques. tu racontes tout à une amie. les abus, les maltraitances, les questionnements, ton mal-être, tout ce que tu avais caché jusque-là et que tu osais à peine admettre à toi-même.
je suis une fille.
ces mots sonnent tellement juste, maintenant qu'ils sortent enfin de ta bouche. pour la première fois depuis longtemps, tu dis la vérité. sur le moment, c'est terrifiant. mais ensuite, tu te sens mieux. comme si on avait enlevé un petit peu de poids de tes épaules. ton amie te prend dans ses bras et tu pleures pendant plusieurs minutes. c'est un premier pas dans la bonne direction, tu le sais.
ta mère a du mal à l'accepter. elle te lance des regards désapprobateurs lorsqu'elle te voit sortir en jupe, elle refuse que tu invites ta petite amie (celle à qui tu t'es confiée, et dont tu t'es rapprochée) à la maison. tu essaies de l'ignorer, mais ça te fait du mal. plus que tu ne veux bien le reconnaître. elle dit que dieu n'aurait pas voulu ça. qu'il ne se trompe jamais, et que s'il t'a mis dans un corps d'homme, ce n'est pas pour que tu décides d'en changer. elle ne comprend pas. ce n'est pas à propos de ton corps, pas seulement. c'est à propos de qui tu es. et personne ne peut décider ça à ta place, ni dieu, ni ta mère, ni la société. tu arrêtes de prier. de toute façon, il y a longtemps que tu ne crois plus à tout cela. tes dieux à toi sont différents. tes dieux à toi sont ceux d'astéria et du monde, leurs visages sont sur tous les écrans et leurs noms sur toutes les lèvres. tes dieux s'appellent idols.
tu as dix-huit ans, tu quittes la maison et tu te débrouille seule ; ta mère refuse de t'apporter la moindre aide, financière ou autre, puisqu'elle désapprouve tes choix de vie. tant pis. tu te sens capable de tout. tu laisses derrière toi ton ancienne vie et ses traumatismes, et tu commences des études de mode tout en faisant des petits boulots pour payer ton loyer et des vidéos sur internet pour le plaisir. tu as de la chance, tu es assez talentueuse pour avoir le droit à une bourse d'études, sinon tu ne t'en sortirais pas. tu traverses une nouvelle période sombre après ta rupture avec ta copine au bout de deux ans et demi de relation. mais tu te relèves et tu continues de te battre. tu es plus forte, maintenant.
tu fêtes tes vingt-et-un ans en même temps que ton tout nouvel emploi à hydra entertainment. tu n'aurais pas pu rêver mieux que cette agence, et même si ce n'est qu'un poste d’assistante, cela te semble déjà merveilleux. peut-être que tu vas enfin être heureuse ? tu l'espères. en tout cas, pour la première fois de ta vie, tu as l'impression que tu mérites ce bonheur, et plus encore. tu continues d'avancer, et tu souris.