rive des songes ♡ pnj.

tu avais un jour de congé. et un jour de congé, ça te déprimait beaucoup. ne rien avoir à faire, ça te donnait l'impression de te sentir inutile, voire même complètement de trop. une fois sur deux, monsieur park te disait de rentrer chez toi parce que tu travaillais trop. généralement tu bafouillais que tu allais bien, et il insistait. alors, tu sortais et, comme aujourd'hui, tu te retrouvais à errer dans le quartier en te demandant ce que tu allais bien pouvoir faire de ta journée.

aujourd'hui, tu avais décidé de te poser au parc, tout près d'une petite rivière artificielle, avec ton bento pour la journée, que tu avais préparé le matin même. la plupart des gens de l'entreprise allaient manger au restaurant, ou au niveau de la caféteria de l'agence - avec les idols - mais tu préférais de loin manger devant ton poste de travail et ne pas manger n'importe quoi. tu faisais très attention à ta ligne. aujourd'hui, tu n'avais pas beaucoup d'appétit et la boîte entrouverte du bento avait attiré l'attention d'un visiteur inhabituel. un chien, comme il y en avait qui erraient dans la capitale, mais ils étaient devenus plus rares que jamais.

bonjour toi ! tu as un petit creux ?
et te voilà proposant un morceau de poulet froid au chien sombre, pour faire ami-ami avec lui. bon, au moins t'avais trouvé comment occupé ta journée.

euh oui.
silence.

ah euh... je croyais que tu me parlais à moi.
tu t'es figé sur place, comme pris sur le fait d'une énorme bêtise. tu te tends, penche un peu à gauche, un peu à droite, comme un enfant qu'on aurait pris à voler des bonbons dans une boulangerie. et pourtant, tu n'es pas fautif, pas vrai ? sauf que voilà, le chien vous jappe après, comme pour vous ramener à la réalité. oh mon dieu ciel. tu as lekkå devant toi. le lekkå. le seul. l'unique. l'artiste, le champion, le tout, en fait. celui qu'hydra aurait tellement voulu avoir. bon sang, ciel. fais quelque chose enfin ! les joues écarlates, tu parviens juste à tendre doucement le bento vers le jeune homme, tes mains tremblent un peu. on dirait que tu essayes d'approcher un papillon pour le prendre en photo, on dirait que tu essayes d'approcher pour ne pas qu'il s'envole. tu te dirais bien que ... c'est ta chance ! mais ta chance de quoi ? t'es juste un secrétaire, et aux dernières nouvelles, il est juste très bien dans son agence. haha. tu peux juste admirer de loin, comme à ton habitude. oh mon dieu, il est encore plus impressionnant en vrai - bon si on omet les cernes de quatorze kilomètres sous ses yeux, mais il parait que c'est sa marque de fabrique.

le chien te rejappe après, un petit parfum de trahison flotte dans l'air. visiblement t'as déjà choisi ton camp. t'hésite quand même et attrape un bout de viande du bento entre tes baguettes pour le jeter au chien qui rattrape agilement. de la viande, il a pas dû en voir depuis un sacré moment. enfin, il a l'air satisfait parce qu'il s'en va avec son butin, et maintenant vous avez l'air stupides tous les deux. espérons qu'il n'y ait pas un fansite dans les environs.

tu peux... tu peux le prendre, je n'ai pas faim. je n'y ai pas touché.
sourire crispé, tu cherches à te détendre.

oh non. oh non ciel il s'asseoit à côté de toi. reste calme, souriant, sois mignon, ok ? tout ira bien. lekkå a l'air encore plus défoncé que pendant le dernier live que t'as vu de lui - quoi, t'as bien le droit de faire ce que tu veux pendant tes pauses, non ? c'est pas vraiment la concurrence ! et puis t'y peux rien si tu l'aimes bien ! - et du coup tu en viens à vraiment t'inquiéter pour sa santé. quand il promet qu'il prend soin de lui et qu'il se repose, t'avais déjà l'impression qu'il mentait, mais là maintenant tout de suite t'en es intimement persuadé. tu n'as jamais été dans cet état en dormant, tu supposes donc qu'il doit veiller beaucoup trop. et consommer trop de café - ce que tu as abandonné il y a longtemps au profit de jus de fruit hyper vitaminés !

ciel. ciel amaterasu.
tu souris tendrement avant d'observer ses mains qui tremblent et les baguettes qui dansent la polka entre ses doigts. tu ne veux pas qu'il le prenne mal mais en même temps, c'est pas ta faute, tu t'inquiète pour lui.

est-ce que tu veux que je t'aide à manger ? tu as l'air de faire une crise d’hypoglycémie.
une façon gentille et cordiale de lui dire qu'il a l'air de faire une descente d'acide, on supposera. quel homme poli tu fais, ciel.

d'accord, je vais t'aider.
tu calmes tes propres tremblements - ils ne seront jamais pires que ceux de lekkå de toutes façons - et tu récupères les baguettes pour le nourrir, comme on le ferait à un enfant. ou à son petit ami si on est genre ... gay et qu'on aime s'afficher dans les parcs. pas du tout ton cas finalement hein ! hem. l'idée même te fait rougir de gêne, mais vu son état il ne captera jamais, c'est super. tu cilles en l'entendant avant de sourire puis de te détendre un peu, tu te prends même à rire à sa blague. attendez, est-ce que c'était vraiment une blague ?

oh. je suis pas... enfin. je suis fan, si.
silence, tu lui donnes une petite boulette de riz et tu détournes les yeux, un peu coupable soudainement. et pourtant, t'as aucune raison de t'en vouloir, pas vrai ?

je travaille à hydra, en fait.
ouais. cassage d'ambiance. tu baisses les yeux sur le sol quelques instants, avant de réaliser que le pauvre doit avoir encore faim ! et puis t'as peur qu'il réponde quelque chose, alors tu t'empresses de glisser une autre boulette de riz dans sa bouche quand il l'ouvre pour parler. bien fait !

mais j'ai pas un poste très important.

tu restes pensif quelques instants. peut-être que t'aurais dû postuler à malleos, en vrai. mais aucune chance que tu sois pris, en vrai. j'veux dire... réfléchis quelques instants ciel : tu es beaucoup trop jeune, tu étais complètement inexpérimenté. et puis, t'aurais jamais tenu dans une agence comme ça, t'imagine pas le travail qu'on fait là bas, pas vrai ? et aussi, ton père aurait implosé. hydra, c'était bien. c'était ce qu'il voulait. des trois gros noms, c'était hydra. alors t'étais à hydra, et t'avais suffisamment tiré ton épingle du jeu pour y rester. en gros, t'avais eu pas mal de chance et t'avais beaucoup travaillé.

oh. merci beaucoup. en fait je prépare tout moi même, le matin.
t'as un moment de silence avant de lui sourire à nouveau. tu dois être fatigué aussi parce que ... soudainement c'est ton coeur de fan qui parle et tu t'inquiète un peu. genre beaucoup. genre tu t'inquiète autant qu'il le mérite, c'est à dire énormément.

si tu veux, je pourrais passer à ton agence à l'occasion et te laisser un bento.
il sera probablement mis à la poubelle de toutes façons, parce que les fans ne donnent pas de la nourriture aux idols, il y a eut tellement de drames autour de ça, rien que d'y penser ça te déprime. mais tu peux pas t'empêcher de dire qu'il faut qu'il mange correctement, et qu'il dorme, aussi.

même si, vu ton état, je pense que du moment où tu vas t'endormir, t'auras juste oublié qu'on s'est rencontrés.
petit soupir, un peu effacé. ça te déprime beaucoup cette affaire.

il dit qu'il va se souvenir de toi. t'en as de la chance, pas vrai ? tu sais pas vraiment pourquoi - tu n'avais jamais vraiment eu le loisir de t'intéresser à lekkå jusqu'ici - mais tu as quand même sacrément envie de le revoir ! et de t'assurer qu'il va mieux. n'empêche, tu commences à comprendre les fans qui s'inquiètent. et vu ce que tu as entendu sur malleos, c'est carrément probable que lekkå se mette dans cet état tout seul. autant dire que ça a le mérite de t'inquiéter un peu plus si c'est possible.

tu devrais quand même penser à te reposer ... juste un peu plus... ?
tu ne veux pas vraiment agir comme un moraliste en puissance parce que ses affaires ne te regardent vraiment pas. alors tu veux juste te placer un peu comme un ami bienveillant. même si vous n'êtes pas amis, et que tu es tout au plus que le gars qui l'a nourri alors que vous ne vous connaissez même pas.

et tu n'es vraiment pas obligé de te souvenir de moi. tu as beaucoup d'autres choses à penser !
sourire tendre, tu ramasses un peu tes affaires. de toutes façons il va falloir rentrer à la maison, vu que junghee ne veut pas te laisser travailler en paix.

mais si un poste se libère dans ton agence, n'hésite pas à me prévenir...

ce serait mentir que de dire que tu n'es pas inquiet pour lekka, parce que dans son état c'est pas vraiment sûr qu'il arrive à traverser la rue sans se prendre un véhicule. tu t'apprêtes même à le suivre mais avant même que tu en ais le temps, une silhouette s'approche de lui. des cheveux bicolores, un air un peu renfrogné, ça te dit quelque chose, probablement son manager ou quelqu'un de chez malleos. n'empêche que voilà, tu te retrouves tout seul avec un bento vide, et une serviette sur laquelle est inscrit le numéro de téléphone de lekka.

bon, tu n'as jamais dragué personne - il te semble ? tu ne sais pas faire de toutes façons ? - mais c'est quand même plutôt positif d'être parti de ton agence complètement déprimé et de ressortir du parc avec un numéro et peut-être un nouveau projet professionnel, on va dire.