contexte

3 avril 2059

Un premier titre à succès d'un tout jeune groupe Polarisien vient de sortir. En quelques heures, c'est des millions de vues sur la chaîne Youtube qui a posté. Le monde entier vous connait. C'est admis, à présent : on entre pas à Astéria, mais Astéria ne produit plus seulement des artistes, elle produit des génies, des dieux. Astéria, terre coupée du monde, qui se place en reine sur son trône de guerre cache pourtant bien des secrets. Derrière les murs remplis d'écrans et de bornes automatiques se dissimulent de nombreuses horreurs. Astéria, impératrice de la technologie - en avance sur son monde en robotique - compte de moins en moins d'humains dans sa toute jeune armée. Les habitants en ont la tête qui tourne, tant leur pays prend des allures d'Atlantide, perdu là au milieu d'un océan qui ne cesse de monter. Et pourtant, lorsqu'on passe les grandes portes protégées de Polaris, la réalité est tout autre. Dehors, il n'y a que la misère, des champs à perte de vue pour nourrir désespérément la mégalopole qui ne cesse de croître, des cultures qu'on cherche à faire pousser dans une terre devenue presque aride, salée, porteuse de mort.

Mais tant pis ! Peu importe tant que les étoiles Astérienne brillent un peu plus longtemps. L'oubli devient facile, deux clics et en voilà un flacon. Dans ce monde où tout le monde est pucé, compté, lié à toute une série de statistiques et de chiffres, où est la liberté ? Certainement pas entre les quatre murs d'une des nombreuses agences Polarisiennes qui produisent ces nouveaux talents à la pelle. Ils viennent de partout dans le pays pour prétendre devenir des stars, sans conscience de l'humanité qu'ils pourraient perdre.

Et lorsque le poids de cette vie trop longue, trop chaotique devient trop lourd, on s'abandonne à quelques gouttes d'un liquide épais et sombre, glissées là, sous la langue. Tant pis si la raison n'est plus, alors, tant qu'on se sent vivants, un peu plus longtemps, qui qu'on soit.