Maki
c'est si bon quand on s'plie (s'plie)
de rire et que la pluie (pluie)
pleure elle aussi de joie
((suis-moi, camille))
de rire et que la pluie (pluie)
pleure elle aussi de joie
((suis-moi, camille))
et les jeans troués,
et les coudes écorchés,
et le regard vagabond ; maki a du vague-à-l'âme.
mais maki sourit, car maki oublie bien vite qu'il était triste ; il a le cœur léger comme seuls les enfants l'ont.
maki le tourbillon humain, imprudent, sans cesse courant, chahutant, riant ; il est le chevalier qui va combattre le dragon, l'espion qui va libérer l'otage, il est le dernier rayon de soleil avant l'orage.
maki est libre, malgré tous les carcans dans lesquels on essaye de l'emprisonner ; maki fait ce qu'il aime quand il veut, c'est-à-dire tout le temps.
maki aime à se croire enquêteur, ou bien grand journaliste : il chasse les secrets et les intrigues invisibles qui font de polaris une ville grouillante, grondante, insaisissable. il s'invente des mystères, des enquêtes, enfile de force aux inconnus des masques qui ne sont pas les leurs : brigand, faux-monnayeur, indic' ou tout simplement mari infidèle, tout est bon pour allumer son regard d'une flamme insatiable, tout est bon pour justifier ses filatures et les écoutes aux portes.
joyeux × naïf × borné × touche-à-tout et surtout à ce qu'il ne faut pas × casse-cou × toujours couvert de bleus et de coupures diverses et variées, il ne fait pas vraiment attention à ça lorsqu'il est en « mission » × très, très, très curieux × très bavard aussi × le genre de personne qui mange des mikado saveur wasabi × un peu stupide sur les bords × pas courageux, téméraire × puéril × persuadé d'être immunisé contre les ennuis qu'il risque de s'attirer au bout d'un moment × sa chambre est littéralement remplie de photos volées mal imprimées et de carnets pleins d'annotations plus ou moins pertinentes et de petits schémas qui représentent le quartier ou les déplacements quotidiens de certaines personnes × il est vraiment flippant quand on y pense deux minutes × le pire c'est que parfois, les informations qu'il récolte sont intéressantes, mais il ne s'en rend pas compte, vu qu'il n'en a pas l'utilité × a une grande sœur trainee × il trempe ses biscuits dans son chocolat chaud × il y trempe aussi des chamallows, ce chacal × il a une mèche décolorée au milieu du front, résultat d'un tp de chimie sans surveillance et où intervenait de l'eau oxygénée × ça fait un peu kéké, mais ça va, il aime bien × par contre sa mère lui a passé un savon mémorable quand il est rentré × elle a arrêté de crier dès qu'il a commencé à pleurer × un pro pour frauder les transports en commun × plutôt agile (comme un maki hihi) (l'animal, pas le sushi you dumb) × il aimerait bien apprendre à dérober les porte-feuilles, mais il n'a personne avec qui (ou sur qui) s'exercer × aime beaucoup ramper dans les conduits d'aération de l'hôtel pour entendre et observer ce qu'il s'y passe
« elle est où, ai van ? »
maki hausse les épaules. tout le monde lui pose la question depuis quelques jours, depuis que ai van est partie.
partie.
ai van est partie, partie pour être trainee, pour devenir une idol, pour devenir « une princesse » comme lui a dit sa mère.
maki n'a rien dit. maki n'a pas compris. ils étaient déjà prince et princesse, tous les deux, ici, dans l'hôtel, ce château. pourquoi a-t-elle eu besoin d'être princesse ailleurs ? ils étaient bien, avec leurs diadèmes de poussière et leurs armures-pyjamas… ils étaient bien…
mais ai van est partie quand même, malgré le bruyant silence de maki, malgré ses larmes au balcon de ses yeux quand elle a fermé la porte de sa chambre pour la dernière fois. ai van est partie.
voilà, c'est ça la réponse. ai van est partie.
« elle est où ai van ? »
c'est la question que semblent poser les yeux, le visage, le corps entier de maki lorsqu'il observe les passants, par la fenêtre, depuis le trottoir, depuis les toits. c'est la question intime, innocente, enfantine à laquelle il essaye de répondre lorsqu'il suit des inconnus, lorsqu'il se projette dans leurs vies pour ne pas vivre la sienne. ce n'est pas qu'il n'aime pas sa vie, maki, mais il aimerait qu'elle soit plus aventureuse, plus mystérieuse, plus magique ; il aimerait bien qu'elle soit différente, qu'elle soit plus remplie.
et c'est bien le visage d'ai van qu'il recherche sans le savoir sur les photos qu'il prend en douce et qu'il imprime au rez-de-chaussée, avec l'imprimante-qu'on-a-pas-le-droit-d'utiliser-parce-que-c'est-celle-de-l'hôtel. mais ai van n'est sur aucun autre cliché que ceux qui trônent dans toutes les pièces familiales. ai van n'est pas là.
voilà, c'est ça la réponse. ai van n'est pas là.
« elle est où, ai van ? »
cette interrogation tourne en boucle dans la tête de maki quand la jeune fille lui parle. elle a la même voix, le même visage, les mêmes yeux, mais ce n'est pas elle, constate maki, effaré. sa sœur n'a pas ce regard distant. sa sœur n'a pas les lèvres pincées. sa sœur ne s'assoit pas du bout des fesses sur les chaises miteuses de la cuisine. sa sœur ne porte pas ces vêtements-là, sa sœur n'a pas l'air d'avoir honte de vivre ici, de vivre avec eux, d'avoir cette famille. sa sœur n'a pas l'air d'avoir hâte de partir.
et la jeune fille qui lui fait face, qui lui demande poliment comment se passent les cours, si. ce n'est pas ai van. c'est une future idol, une adolescente, presque une adulte. mais ce n'est pas ai van, ai van n'est plus dans le corps d'ai van.
voilà, c'est ça la réponse. ai van n'est plus dans ai van.
et on ne sait toujours pas où elle est.
maki hausse les épaules. tout le monde lui pose la question depuis quelques jours, depuis que ai van est partie.
partie.
ai van est partie, partie pour être trainee, pour devenir une idol, pour devenir « une princesse » comme lui a dit sa mère.
maki n'a rien dit. maki n'a pas compris. ils étaient déjà prince et princesse, tous les deux, ici, dans l'hôtel, ce château. pourquoi a-t-elle eu besoin d'être princesse ailleurs ? ils étaient bien, avec leurs diadèmes de poussière et leurs armures-pyjamas… ils étaient bien…
mais ai van est partie quand même, malgré le bruyant silence de maki, malgré ses larmes au balcon de ses yeux quand elle a fermé la porte de sa chambre pour la dernière fois. ai van est partie.
voilà, c'est ça la réponse. ai van est partie.
« elle est où ai van ? »
c'est la question que semblent poser les yeux, le visage, le corps entier de maki lorsqu'il observe les passants, par la fenêtre, depuis le trottoir, depuis les toits. c'est la question intime, innocente, enfantine à laquelle il essaye de répondre lorsqu'il suit des inconnus, lorsqu'il se projette dans leurs vies pour ne pas vivre la sienne. ce n'est pas qu'il n'aime pas sa vie, maki, mais il aimerait qu'elle soit plus aventureuse, plus mystérieuse, plus magique ; il aimerait bien qu'elle soit différente, qu'elle soit plus remplie.
et c'est bien le visage d'ai van qu'il recherche sans le savoir sur les photos qu'il prend en douce et qu'il imprime au rez-de-chaussée, avec l'imprimante-qu'on-a-pas-le-droit-d'utiliser-parce-que-c'est-celle-de-l'hôtel. mais ai van n'est sur aucun autre cliché que ceux qui trônent dans toutes les pièces familiales. ai van n'est pas là.
voilà, c'est ça la réponse. ai van n'est pas là.
« elle est où, ai van ? »
cette interrogation tourne en boucle dans la tête de maki quand la jeune fille lui parle. elle a la même voix, le même visage, les mêmes yeux, mais ce n'est pas elle, constate maki, effaré. sa sœur n'a pas ce regard distant. sa sœur n'a pas les lèvres pincées. sa sœur ne s'assoit pas du bout des fesses sur les chaises miteuses de la cuisine. sa sœur ne porte pas ces vêtements-là, sa sœur n'a pas l'air d'avoir honte de vivre ici, de vivre avec eux, d'avoir cette famille. sa sœur n'a pas l'air d'avoir hâte de partir.
et la jeune fille qui lui fait face, qui lui demande poliment comment se passent les cours, si. ce n'est pas ai van. c'est une future idol, une adolescente, presque une adulte. mais ce n'est pas ai van, ai van n'est plus dans le corps d'ai van.
voilà, c'est ça la réponse. ai van n'est plus dans ai van.
et on ne sait toujours pas où elle est.
