Malgré les richesses dont il est couvert par un prince charmant attentionné, il ne semble pas vouloir trouver le repos, il ne semble pas vouloir se sortir de l'abîme de débauche où il s'est enterré. Pourtant, sous cette armure luxueuse et ce masque doucereux, on peut trouver la colère qui l'anime, comme un feu éteint depuis des lustres, qui ne demande qu'à être ravivée. Une colère terrifiante, qui anime son corps une dernière fois. Et puis il y a les bons côtés qu'on aurait tendance à oublier trop vite : malgré ses côtés imprévisibles et intenables, quelques instincts maternels sont enfouis là, quelque part, le poussant à se prendre d'affection pour quelques personnes de temps à autres. Tendre et précautionneux, il s'invente parfois grand prince miséricordieux et offre ses maigres services à qui que ce soit se trouvant dans le besoin. Paradoxal et incompréhensible, quoique ses intentions deviennent bien plus claires lorsqu'on comprend qu'il n'a pas d'intentions en particulier, si ce n'est provoquer le chaos jusqu'à ce qu'une épiphanie le traverse et lui dicte ce qu'il doit faire ensuite. Irrésistible, comme une malédiction qui plane sur sa tête corbeau - sans cesse s'attirant les faveurs d'inconnus ou de proches amis sans qu'il ne le veuille pourtant, il n'a plus que faire des prétendants au masculin et au féminin. Il ne les rembarre pas cependant, se laissant emporter dans des nuits sans fin, se laissant guider par la chaleur des corps inconnus.
autoritaire ♡ passif-agressif ♡ ingénieux ♡ sarcastique ♡ éthéré ♡ rancunier ♡ tenace ♡ déterminé ♡ posé ♡ séduisant ♡ persévérant ♡ fourbe ♡ solide ♡ logique ♡ énigmatique ♡ hypocrite ♡ acerbe ♡ méprisant ♡ en attend toujours trop des autres ♡ pas de bon conseil.
c'est difficile pour lui de sortir sans être maquillé. son trait d'eyeliner est devenu une partie de lui, désormais, vous voyez ? ♡ sa peau est grise, ses canines sont pointues. on profite des avancées de la chirurgie comme on peut, ha. deux marques presque invisibles sont dessinées sur ses pectoraux. ♡ ce qu'il a entre les jambes ne concerne que lui. ♡ il a des hallucinations auditives quotidiennes. ♡ il est facilement jaloux. ♡ il est très secret à propos de son passé et de sa vie privée. ♡ il préfère agir, et parler ensuite. ♡ sa couleur préférée est le noir. comment ça, c'est pas une couleur ? ♡ il a de la chance que son étage personnel soit parfaitement insonorisé ; même si parfois quelques clients vraiment ivres morts entrent "par effraction" chez lui. ça arrive. ♡ il a une forte carence en fer. qui l'eut crû ? ♡ il déteste les gens niais, ou encore ceux qui se renferment dans leur tristesse en attendant qu'on s'apitoie sur leur sort. ça le hérisse. ♡ il lui arrive d'être particulièrement violent. ♡ il est tatoué. ♡ il a deux téléphones portables. ♡ son projet actuel est de rendre son sex-friend du moment jaloux en fréquentant d'autres personnes (pour lui faire comprendre que ce serait pas mal, une relation exclusive.) (comme un vrai couple, tu vois ?)
Les yeux dans les yeux, avec ta peau qui se teinte de bleus. Silence, toute la ville semble retenir son souffle. Sa main se referme sur la tienne. Tu baisses les yeux sur ses doigts ensanglantés. Haut le coeur.
Tu t'attends à voir ce sourire familier se dessiner sur ses lèvres. Tu déchantes. Il est sérieux. Il est dangereux. Il y a ce poids qui enserre ton coeur, il y a cette brique qui s'écroule sur ton estomac. Tu suffoques, tires sur cette main cruelle.
C'est faux, tu te répètes, ils sont morts. Ils sont morts. Il les a tué. Tu fuis; silhouette frêle dans les rues de Polaris.
(Rouge est debout dans une chambre vide. Il tapote du pied et croise les bras, visiblement agacé. Devant lui; un cadavre. On dirait ? Une forme inanimée, en tous cas. Le jeune homme est allongé sur le sol, aux pieds du proxénète qui l'observe, dédaigneux. Ses yeux se relèvent vers un homme d'affaires qui se tient maladroitement contre l'encadrement de la porte. Il a la quarantaine, ses cheveux sont trempés de sueur. Sur son nez, une poudre noire.)
Alors ?
(Le plus vieux tressaute et se tasse de plus belle contre la porte. Rouge soupire et retourne l'adolescent inconscient du bout du pied.)
Vous vous foutez de moi.
(La flaque de sang s'étend de plus en plus. Elle vient frôler la semelle des chaussures de Rouge, comme une écume de mauvaise augure. Il grogne.)
Il va mourir, votre gosse. Vous dites que c'est une idole ? Quelle idée.
(Les relents de panique du plus vieux, mêlés à des effluves de parfum bon marché lui arrachent un soupir. Il déteste ses clients, cela va de soi. L'autre baragouine que l'idole allongée là ne doit surtout pas mourir. Rouge hausse les épaules.)
Vous êtes complètement défoncé, mon pauvre. La ONE le tient en vie. Mais il est déjà mort.
(Quelle fut sa surprise quand l'idole finit par s'en sortir.)
(non, je ne t'aime pas.)
Ils se regardent. Se sourient, parce qu'il y a tant de choses qu'ils veulent se dire (et presque tout autant qu'ils ne peuvent pas se dire). Quatre yeux noirs qui se fixent. Le sourire de Rouge est acéré, ses mains sont griffues, leurs caresses sont presque irréelles.
(vraiment ? ça m'étonnerait.)
Son rire résonne dans la chambre plongée dans le noir. On entend faiblement la musique du Mermaid Hotel, qui brise le silence. Ils font l'amour, parce que c'est ça, la nature de leur relation. Du sexe, pas de sentiments. Les corps l'un contre l'autre, mais pas question d'ouvrir son coeur. Trop compliqué. Trop dangereux.
(tais toi.)
Leurs soupirs et leurs mains qui s'entremêlent. Il entend des fantômes chuchoter à son oreille, comme toujours. Il n'y prête plus attention, sauf quand leurs deux voix se mêlent.
(rouge, embrasse-moi.)